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Je rappelle tout d’abord que je serai présent à la 25e heure du Livre du Mans, sur le stand de l’Atalante, ce week-end.

Le premier grand événement de la semaine prochaine, c’est une signature parisienne à la librairie « Les Guetteurs de Vent » (108 avenue Parmentier, Paris 11e), à 19h. J’ai pas mal d’activités en Auvergne-Rhône-Alpes et peu l’occasion de venir à Paris pour une signature, alors venez nombreux.

 

Et à la fin de la semaine, je continue à Toulouse cette fois, à l’occasion de Scientilivre, je participe à une rencontre en compagnie de Pierre Bordage et Jean-Claude Dunyach, en partenariat avec la librairie Série B, à l’Eurêkafé de 17h à 19h.

Et je serai tout le week-end à Labège pour Scientilivre, avec une table ronde le dimanche 20 Octobre :

17h-18h45 : Comment mettre les différentes intelligences en scène ?

Animé par Sylvie Lainé, Li-Cam et Olivier Paquet, modération Jean-Claude Dunyach

La science-fiction adore mettre en scène des intelligences d’un autre type (extraterrestres, intelligences artificielles, créatures génétiquement modifiées…). Comment peut-on faire comprendre au lecteur ce qui se passe dans leur esprit, si différent du nôtre ?

Semaine bien chargée, mais très prometteuse.


A l’occasion de la rentrée littéraire, j’ai eu l’honneur du Portrait de dernière page dans le Petit Bulletin de Lyon paru ce mois-ci, sous la plume de Stéphane Duchêne :

« Olivier Paquet de nous livrer par là une possible définition de la SF et de sa raison sociale : refonder notre capacité à nous projeter à nouveau dans les grands récits. Et à nourrir un espoir lucide. Ni plus, ni moins. »

Et dans le cadre des Mardis de la SF de Libération, une critique par Frédérique Roussel :

Anticipation dense et prenante qui imagine l’émergence d’un nouveau type de réseau, les Machines fantômes flirte largement du côté du roman d’espionnage et beaucoup vers le thriller psychologique. Une des armes les plus puissantes de Joachim, outre la mobilisation d’IA pour le protéger là où il va, se trouve dans le domino psychologique. (…) De la même manière que les machines modélisent joyeusement nos existences chez Olivier Paquet : elles se servent de nos données pour créer des histoires, les évaluer, les modifier. Pour leur plus grand plaisir.

Et sur le site La grande parade, une critique par Sylvie Gagnère :

Olivier Paquet parvient à imaginer et rendre sensible une forme de conscience et de pensée non-humaine. Il met en scène ce qui pourrait être l’éclosion d’une vie intelligente, et pose la question des conséquences de cette naissance. Il aborde également avec subtilité des thèmes très forts : l’identité de genre, les abus parentaux, la violence du système capitaliste, la vacuité du star-system. Il dépeint une société malade et brutale, dans laquelle les machines occupent déjà un espace considérable.

Ce week-end je participerai à mon premier salon d’imaginaire depuis la rentrée, à Aurillac, où j’ai été invité par Jean-Luc Marcastel. L’invité d’honneur du Salon entre les mondes est Pierre Bordage.


 

Je suis aussi à l’honneur ce mois-ci sur le site de la librairie Kobo, avec un texte exposant ma vision de la technologie : Profession : créateur de machines fantômes

 

Sur France Inter, j’étais l’objet d’une chronique de Christine Siméone, dans sa rubrique « la vie connectée », le samedi 7 septembre dans le journal de 19h : Rentrée littéraire : voici le roman qui raconte nos vies humaines parmi les machines et les IA

 

Les critiques s’ajoutent aussi :

Je fais partie de la sélection des romans SF de la rentrée selon Numerama

« L’auteur essaye de résoudre un dilemme à la Matrix : se reposer sur les technologies, par passivité, mènera-t-il au renoncement des plus fondamentales libertés ? Ce roman est une preuve indéniable de toute l’intelligence dont est capable la SF française. »

Chez Un bouquin sinon rien :

« Olivier Paquet nous offre ici une oeuvre de grande qualité sur les possibilités des « Intelligences Artificielles » à contrôler notre monde mais également une fresque humaniste à souhait. »

Chez Ombre Bones – Chroniques de l’imaginaire :

« L’auteur montre la place prise dans notre vie par tous ces programmes, l’impossibilité de revenir en arrière, les dangers mais aussi les bénéfices que cela pourrait avoir pour l’humanité en fonction de leurs décisions. (…) La barrière reste, les I.A. guident et ont des plans mais ça reste un degré de conscience trop différent du nôtre pour vraiment les unir. Olivier Paquet met en scène une naissance, le début d’une ère nouvelle et il le fait avec maestria. »

 

Agenda du trimestre

Pour des raisons de clarté, je rassemble ici les dates des festivals, rencontres et interventions auxquels je participe jusqu’à novembre. D’autres dates pourront se rajouter, mais voici ce qui est certain.

6-8 septembre : Livre sur les quais à Morges (Suisse). 8 septembre 12h30-13h45 : J’ai l’algorithme dans la peau. Croisière littéraire avec Eli Anderson, Antoine Jaquier. Animé par Elise Lépine.

9 septembre : Rentrée littéraire Auvergne-Rhône-Alpes au Théâtre des Célestins à Lyon. 9h-12h30.

21-22 septembre : Salon entre les mondes à Aurillac.

28-29 septembre : Aventuriales à Ménétrol.

7 octobre : – Présentation de la rentrée littéraire Auvergne-Rhône-Alpes à Clermont-Ferrand. Lectures d’extraits / 18-20h, Fête de la Science à l’Université Catholique de Lyon : Une IA peut-elle devenir oenologue ?

8 octobre : Octogône à Lyon.

10 octobre : Fête de la Science, Médiathèque d’Oyonnax. 20h-21h30 : intervention sur l’Intelligence artificielle en science-fiction.

12-13 octobre : 25e heure du Livre au Mans.

19-20 octobre : Fête de la Science, Scientilivre à Labège.

31 octobre – 3 novembre : Utopiales à Nantes.

14 novembre : Rencontre croisée à la Maison de la presse de Bron, en compagnie d’Emmanuelle Pireyre.

16 novembre : Futurapolis à Toulouse.

Ce 22 août est sorti mon nouveau roman, Les Machines fantômes

Mon éditeur en a profité pour inaugurer une présentation vidéo, une bande-annonce que l’on peut voir ici  (à ce jour, plus de 20 000 vues quand même) :

https://www.l-atalante.com/actualites/les-machines-fantomes-booktrailer/


Beaucoup de critiques et d’interview ont accompagné la sortie, voici un petit récapitulatif

Par Marquise sur Les Chroniques de l’imaginaire

Par Nicolas Winter sur Just A Word

Par Lloyd Chéry sur Le Point Pop

Par GaRoupe sur Ses Lectures

En plus de ces critiques, j’ai eu la chance d’être interviewé pour parler du livre, de son écriture et des livres récents qui m’ont marqué.

Chez ActuSF, par Estelle Hamelin

Sur Just A Word par Nicolas Winter

Sur Le Point Pop par Lloyd Chéry

Et il y a d’autres choses en préparation. On peut dire que j’ai de la chance pour la sortie du livre. Je serai aussi présent dans des festivals et dans divers rencontres, mais je ferai une annonce à part. En tout cas, je suis très satisfait de l’écho pour l’instant. En espérant que cela continue.

 

Après un certain temps en sommeil, malgré la sortie d’un roman et d’un recueil de nouvelles, j’ai décidé de réactiver ce blog pour annoncer les actualités autour de ma prochaine sortie chez l’Atalante, un roman d’anticipation, un thriller autour des Intelligences artificielles, annoncé pour le 21 Août. Comme mon agenda se remplit autour de ce livre, Facebook et Twitter ne permettent pas de garder une trace un peu stable de ce qui va se passer. J’en profiterai donc pour détailler ici certaines événements.

Même si je persiste à penser que les manuels d’écriture sont à éviter avant d’avoir publié un texte, et qu’il vaut mieux lire, lire de tout, pour étendre ses capacités et améliorer sa technique, certains guides peuvent fournir de l’aide. L’expérience permet alors de faire le tri, et de mieux comprendre ce qui est dit, là où le débutant aura tendance à vouloir se conformer sans recul à des principes.

L’ouvrage qui a rendu célèbre Robert McKee, Story, portait sur la structure narrative, il était le résultat de son séminaire sur l’écriture de scénario et permettait d’appréhender la dynamique d’une histoire, de la séparer du concept d’intrigue, et de mettre en lumière la question de l’idée directrice. D’ailleurs, et c’est tout l’attrait à mes yeux des ouvrages de McKee, il y a plus de questions que de réponses. Pour l’auteur qui débute, le plus difficile est souvent de se poser les bonnes questions.

Dans Ecrire des dialogues, McKee aborde aussi bien le cinéma, la télévision, le théâtre que la littérature. Il pose comme postulat que l’on n’écrit pas de la même manière pour ces quatre médiums. La relation entre le visuel et l’écrit ou le dit est particulière à chaque fois, même si les mécaniques sous-jacentes ont des points communs. Si l’on veut transposer de l’écrit au dit, il faut tenir compte de l’ensemble, des contraintes esthétiques qui s’imposent.

Ensuite, McKee se concentre sur tout ce qui est dit ou non-dit, sur le texte ou le sous-texte. Pour lui, un dialogue où les personnages se contentent de dire ce qu’ils pensent ou ce qu’il font n’a pas grand intérêt. Revenant aux origines du mot, il sépare dia « à travers » et logos « discours », pour en arriver à un « au travers du discours », un terme qualifiant donc une action réalisée par le verbe et non par l’acte. Dire quelque chose, c’est réaliser quelque chose. Certes, depuis le philosophe J.L. Austin, nous savons que « Dire, c’est faire », sauf que là, c’est intégré au récit de manière plus globale.

Une fois ceci exposé, McKee en développe les conséquences créatives et esthétiques : pourquoi un dialogue sonne faux ? pourquoi une scène ne « fonctionne » pas ? comment définir le vocabulaire des personnages ? A l’auteur, il rappelle les paroles de Stanilavski. Il ne faut pas se dire « Si mon personnage était dans cette situation, que ferait-il ? » car, dans ce cas, on est en dehors de la scène, ni « Si j’étais dans cette situation, que ferais-je ? » car on est pas le personnage, mais Si j’étais le personnage dans cette situation, que ferais-je ? On crée en partant de soi, mais pas en tant que soi, en tant que personnage. Autrement dit, il faut interpréter le personnage, quitte à le mimer (comme le faisait Dickens, tel que McKee le rappelle).

Enfin, et c’est sans doute la partie la plus impressionnante de l’ouvrage, McKee analyse des scènes et met en lumière les mécaniques de dialogues aussi bien dans une série comme Les Soprano, que chez Gatsby le Magnifique de Fitzgerald ou Lost in translation de Sofia Coppola. Il décortique les temps forts, pour en sortir le sous-texte et les implications. Les exemples sont récents, on y trouve même la pièce Art de Yasmina Réza, mais on se plonge aussi dans le théâtre Shakespearien ou les pièces grecques.

Sur la partie littérature, il y a sans doute un tropisme anglo-saxon prononcé, même si McKee reconnaît les différences culturelles et leur impact sur les interactions personnelles. On ne dialogue pas de la même manière en Asie qu’en Amérique du Nord. Aussi, il faut garder à l’esprit que certains conseils valent dans ce contexte américain. Mais il demeure que les questions qu’il soulève s’adressent à tous, et que chacun doit trouver sa propre réponse.

Il existe très peu d’ouvrages sur le dialogue, et beaucoup (trop) sur le scénario. Celui de McKee se distingue par l’abondance des analyses critiques, une démarche très ouverte, centrée sur les questions plutôt que sur des règles. Chacun peut ensuite adapter ce cadre à sa propre pratique sans être écrasé par des interdits. McKee n’oublie jamais d’insister sur l’importance de la « voix » de l’artiste, ce qui lui est propre et qu’il a forgé au fil de l’écriture, aucun conseil ne doit imposer de modifier drastiquement cette voix quand on l’a trouvée. En revanche, on peut trouver dans ce livre des moyens de l’étoffer, de l’exprimer avec plus de force et de clarté.

Les mois avancent et la période des salons débute en 2017. Je peux déjà en annoncer trois.

 

Livre Paris 2017

Comme l’année dernière, L’Atalante, mon éditeur aura un stand au 1-S33.

J’y dédicacerai durant la journée de samedi (je serai au moins présent jusqu’à 17h au salon)

Futuriales

Ce festival organisé à Aulnay-sous-Bois, a changé de date et se déroule désormais le 29 avril. On peut espérer qu’il fera moins chaud sous le chapiteau, mais en tout cas, il réunit beaucoup de noms importants de la science-fiction et de l’imaginaire francophone.

Imaginales

Avec les Utopiales, c’est le plus grand événement consacré aux littératures de genre. Beaucoup de tables rondes, beaucoup d’auteurs en dédicace et la ville d’Epinal se prête admirablement bien à ce type de rencontre, créant un climat agréable pour tous, écrivains et lecteurs. Ravi de faire partie de cette édition qui aura lieu du 18 au 21 mai.


De nouvelles critiques de Jardin d’hiver.

Sur le blog de Songes d’une Walkyrie :

En bref, un univers très fouillé où se heurtent technologistes et écologistes permettant à l’auteur de véhiculer des idées sur les uns et les autres et où l’homme n’a pas le plus beau des rôles, des personnages charismatiques et forts, même si le héros se fait manger la vedette par les autres, il y a là toute une notion d’identité mais aussi d’amitié, d’amour, de pardon, de valeurs humaines prépondérantes, tout ça dans une aventure incroyable à travers une Europe qui n’est plus la notre. Petit bémol pour certaines facilités dans l’intrigue mais le roman est tout même plutôt réussi et on ne peut que souligner l’imagination de l’auteur !

Par Gregory Drake dans la revue Bifrost :

Grand spectacle, suspense ainsi qu’une certaine profondeur font de Jardin d’hiver une excellente surprise comme on aimerait en lire plus souvent

Par Elisabeth Vonarburg dans Solaris N°201 (où l’on peut trouver ma nouvelle « Graine de fer » lauréate du prix Joël-Champetier 2016)

Après avoir eu un peu de difficulté à entrer dans le texte – les ellipses du pro- logue, et ses dialogues en registre trop souvent théâtral, peu naturel –, j’ai été assez rapidement séduite ensuite par l’action et les personnages, et par l’ha- bileté de Paquet à nouer les fils d’une intrigue complexe, avec énigmes et re- tournements multiples, qui nous pro- mène dans une Europe transformée physiquement par les changements cli- matiques, transformation que les excel- lentes descriptions nous permettent de visualiser – l’auteur y est plus habile que dans les dialogues. Les enjeux sont de taille, les péripéties à la hauteur, l’équilibre est bien géré entre la démesure des moyens technologiques et les motivations des personnages et, quand on en arrive à la déflagration finale, on ne lésine pas sur le grand écran avec système de son THX : l’écrivain a les moyens de ses ambitions narratives mus- clées. Mais il sait rester humain, avec des échappées poétiques et des effets d’émerveillement devant la beauté et la complexité du monde, naturel ou hu- manifié (mais non humanisé), qui per- mettent de respirer entre deux accès accablants de démesure.

Westworld

La première saison de cette série produite par HBO s’est terminée et si l’on enlève les slogans tapageurs (genre, le Game of Thrones de la science-fiction), elle marque par son apport science-fictif tout autant que par sa réalisation. Je ne prétends pas être exhaustif dans cette note, mais de présenter les principaux questionnements que la série soulève.

 

La série se déroule dans un univers de western mais qui est un univers artificiel, un parc d’attraction où les humains peuvent jouer un rôle dans un ensemble de scénarios mettant en jeu les clichés du genre (le saloon, les prostitués, les bandits, les indiens). Dans ce divertissement, les joueurs ne prennent aucun risque, les hôtes qu’ils croisent sont des robots et ils ne peuvent tuer les invités. L’histoire se concentre sur plusieurs personnages, depuis Dolorès, une hôte qui est au centre d’un drame ayant bouleversé le parc dès l’origine ; l’homme en noir, un invité mystérieux qui cherche les secrets de ce Westworld ; jusqu’à Ford (joué par Anthony Hopkins) le concepteur et grand ordonnateur de ce monde.

Le premier plaisir, basique mais pas tant que ça, c’est celui de la réalisation, avec ces grands espaces « fordiens », la lumière dans ces paysages démesurés de l’Ouest. Même s’il s’agit d’un parc artificiel, c’est agréable de sortir de tous ces futurs vert-de-gris. Les grands espaces, ceux où tout est possible, voilà le monde de Westworld.

Ensuite, si la série est plutôt mystérieuse dans ses premiers épisodes, à peu près toutes les questions scénaristiques trouvent leur réponse. On peut trouver que c’est un défaut (le spectateur a suffisamment d’avance sur l’histoire pour avoir la réponse avant la révélation), mais on sent que les auteurs n’ont pas voulu faire peser tout l’impact de la série sur ces révélations. Je pense que ces mystères relativement simples existent pour maintenir l’intérêt et inciter le public à suivre les principaux enjeux qui, pour le coup, sont complexes pour une oeuvre de science-fiction grand public. L’équilibre à trouver est complexe pour satisfaire l’amateur astucieux et le spectateur qui ne connaît rien aux concepts technologiques utilisés. Jonathan Nolan, qui a aussi fait la série Person of Interest, fait le pari de faire avaler une science-fiction complexe à un public non connaisseur, en distillant ses idées dans un contexte accessible.

Ici, il met en scène deux énormes morceaux : les MMORPG et la conscience robotique. Le tout en sortant du classicisme, puisque son jeu est dans un parc et pas dans des ordinateurs en réseau et une reconstitution 3D, et ses robots agissent selon des règles qui ne sont pas asimoviennes.

Westworld est un jeu, où les invités n’ont pas d’avatar. Il est très vite dit que dans ces conditions, chacun peut être ce qu’il veut, peut choisir d’être un héros ou un salaud selon son envie, sans craindre les conséquences. Chaque hôte qu’il rencontre est une quête, comme dans tous les jeux, et il peut décider de la lancer ou non. Cependant, au fil de l’histoire, cette question de la virtualité apparaîtra plus complexe. Et si, au lieu de choisir qui ont veut être, on n’était pas précisément ce qu’on est, sans toutes les contraintes de la vie sociale. Est-ce que la vie en dehors du parc n’est pas plus virtuelle, plus illusoire que celle dans le parc ? Il n’y a pas de réponse définitive à ces questions, mais la série offre la possibilité de remettre en question les clichés habituels sur les jeux en ligne. Pour avoir longtemps joué à World of Warcraft, j’ai retrouvé pas mal d’éléments que connaissent les joueurs de MMORPG.

L’approche de la conscience des machines est la plus travaillée et la plus complexe, surtout que les scénaristes ont opté pour un biais qui ne semblait pas évident : l’esprit bicaméral. Cette théorie du psychologue Julian Jaynes dans les années 1970  suppose qu’avant d’être conscients, les humains disposaient d’un esprit en deux parties, l’une parlant, l’autre écoutant, comme les héros grecs écoutent les dieux de l’Olympe les guider. Ce qui est une hypothèse assez farfelue devient un instrument technologique pour les concepteurs de Westworld. Tout ce que les robots font dépend de cette voix qu’ils entendent, des rêveries qui ont été intégrées à leur programmation et affinent leurs expressions, les mouvements de leur corps et de leur visage. En dehors de l’impossibilité de tuer des humains, les robots n’ont pas de limite, et s’ils revivent sans cesse les mêmes événements à chaque fois qu’ils ont été tués, certains d’entre eux progressent, se modifient et prennent conscience. Ce n’est qu’à la toute fin que ce choix de l’esprit bicaméral prend tout son sens, offrant une traduction cinématographique à un problème intellectuel.

Il y a beaucoup de dialogues et d’explications dans cette série, mais les éléments indispensables résident dans la mise en scène, dans ce qui est montré plus que dans ce qui est dit. Même si une saison 2 est annoncée, les 10 épisodes de la saison 1 forment un ensemble cohérent. Westworld est une série sur le récit, sur la narration, sur son importance dans la construction de notre identité, mais elle le fait dans la splendeur des grands espaces, au son d’un piano mécanique de saloon, et avec l’envie de sauver la demoiselle en détresse.

Toutes les tables tondes des Utopiales  étant mises en ligne, j’en profite pour faire un récapitulatif de l’événement et rajouter quelques informations. Le festival s’est parfaitement déroulé, avec un public important (82 000 entrées) et une organisation parfaite. L’identité du festival, en favorisant le lien entre science et fiction, attire manifestement et de plus en plus. C’est réjouissant de voir cet attrait pour la science.

Pour dénicher le sujet de table ronde, ActuSF a présenté l’ensemble sur une seule page, bien pratique. Qu’ils en soient remerciés. Concernant les TR auxquelles j’ai participé ou que j’ai animées :

Lundi 31 octobre

Le kami du percolateur

La justice numérique

Mardi 1er octobre

Quand la machine surprotège l’homme

La machine peut-elle faire de la littérature ?

Eco-technologie en science-fiction ?

Mercredi 2 novembre

La machine qui lit

Pokemon Go

Ce qui n’a pas été enregistré, c’est la journée scolaire du jeudi. La rencontre avec les lycéens fut passionnante. J’étais interrogé sur une grande partie de mes livres, avec des questions portant à la fois sur le contenu mais aussi sur le processus créatif. La rencontre avait été très bien préparée par les enseignants et les élèves avaient lu dans le détail mes ouvrages. Je dois avouer que je n’ai pas souvent eu d’interview avec des questions aussi approfondies (certains journalistes ne prennent pas le temps de lire les ouvrages. Malheureusement, rares sont ceux qui arrivent à le cacher.), très loin d’être banales ou fourre-tout. J’ai vraiment apprécié ce moment d’échange. Les tables rondes font partie de l’habituel en salon, et si on les prépare un minimum, il y a peu de mauvaises surprises mais rarement de vrai enthousiasme tant on dispose de peu de temps pour développer un propos : il faut laisser la place aux autres intervenants. Ici, l’exercice était très différent et les lycéens ne sont pas là pour « vendre » l’auteur à un public, c’est pourquoi ce moment fut mon second préféré des Utopiales 2016


Car mon moment préféré fut l’annonce du prix Joël-Champetier décerné à une nouvelle d’un auteur francophone non-canadien en souvenir du nouvelliste et directeur de la revue Solaris, la plus ancienne revue de science-fiction francophone.

Soumettre un texte, sans thème imposé, en sachant que le jury se prononcerait sur des textes anonymisés, c’est un peu sauter dans l’inconnu, surtout quand il s’agit de la première édition. Impossible de deviner les attentes du jury. Quel texte envoyer ? J’ai déjà envoyé des textes à des revues (du temps de Galaxies, quand Jean-Claude Dunyach sévissait sur les textes d’auteurs français pour les faire progresser), j’ai envoyé des textes anonymisés pour des appel à texte thématiques (notamment pour l’anthologie Dimension Routes de légende, à paraître bientôt chez Rivière Blanche), mais là, je n’avais aucun point de référence. En plus, contrairement à beaucoup d’appel à textes qui passent sur les réseaux sociaux, où des tas d’auteurs débutants ou non, rendent compte jour par jour de l’évolution de leur texte, partageant leur angoisse de la deadline avec la Terre entière, ici, personne n’en parlait. Combien d’autres auteurs allaient soumettre ? Combien de pros, de débutants ?

Il y avait trop de questions pour s’occuper de trouver des réponses. J’avais écrit un texte en 2009, intitulé Graine de fer, sans savoir où je le soumettrais (j’ai quelques textes dans mes tiroirs qui attendent le support de publication adéquat, avis à ceux que ça intéresse). Il traitait d’un monde après une guerre européenne entre ingénieurs et écologistes, avec un informaticien tentant de débarrasser une jeune fille d’un virus s’étant emparé de ses jambes au point de les recouvrir d’écorce. On y éprouvait les traumatismes d’après-guerre, la difficulté de pardonner et ce qu’il fallait d’effort pour reconstruire. C’est aussi un texte sur le mensonge, celui d’une mère à sa fille, et de la nécessité de la vérité si celle-ci n’aide pas à vivre. Cet univers, j’ai fini par le développer dans Jardin d’hiver, qui raconte les événements se déroulant avant la nouvelle. Chaque texte peut se lire indépendamment mais les deux se répondent. Si bien qu’avec la sortie du roman, j’ai considéré que le prix Joël-Champetier était l’endroit idéal pour soumettre la nouvelle. Il était même convenu avec mon éditeur que si je n’avais pas le prix, on sortirait la nouvelle dans un tirage à part, ce qui réglait définitivement la question de la parution.

Quand j’ai appris qu’il y avait eu 54 textes soumis, ce fut un choc d’autant plus grand que d’être lauréat, surtout qu’il y avait Elisabeth Vonarburg dans le jury et qu’elle est connue pour ne pas être tendre. J’ai aussi été très ému de partager cela avec mon amie. Ce n’est pas évident de vivre avec un artiste, pour beaucoup de raisons, et jusque là, les circonstances ont fait que j’étais célibataire quand j’ai obtenu mes récompenses littéraires. Il y a les félicitations des amis, de la famille, mais vivre cette émotion aussi intense avec Audrey, c’était très différent. D’autant plus qu’elle avait apporté sa contribution au texte en le relisant et en suggérant des corrections. J’ai la chance qu’elle sache faire ce travail, qu’elle supporte ma grogne quand elle rature des choses (mais je finis par admettre, après plus ou moins de mauvaise foi de ma part). C’est précieux. Contrairement à l’idée reçue, plus on avance dans la carrière, moins on écrit seul : on écrit avec, en tête, toutes les recommandations, critiques, suggestions de ceux qui ont corrigés vos textes. L’expérience se sédimente de cette manière dans ce rapport entre ce qui a été dit et ce qu’on veut écrire. On s’apprend à travers les corrections des autres, à travers ce que l’on accepte et ce que l’on rejette. Le processus est sans fin.

Enfin, c’est un prix doté de 1000 euros qui récompense une nouvelle. On sait qu’en France, la nouvelle n’est pas un genre très populaire, pour tout un tas de raisons. Alors un prix qui met spécifiquement en avant un texte (et pas un recueil), c’est aussi l’occasion de mettre en avant les nouvellistes. J’ai commencé à publier des nouvelles, je continue d’en écrire et je trouve toujours autant de plaisir à le faire. J’espère que ce prix continuera de motiver les auteurs francophones et que les Utopiales trouveront comme avec la littérature jeunesse, un autre moyen de valoriser ces genres.

 

Cette année encore, je participe aux Utopiales, dont le thème est consacré aux machines. Pour en savoir plus, je laisse la parole au président du festival, Roland Lehoucq :

Pour ma part, en dehors des séances de dédicaces (que l’on peut trouver ici ), je participerai aux tables rondes suivantes :

Lundi 31 octobre :

18h00 / Scène Hetzel La justice numérique

Avec : Laurence Suhner, Olivier Paquet, Ugo Bellagamba Modération : Pascal J. Thomas

Mardi 1er novembre :

15h00 / Scène Shayol La machine peut-elle faire de la littérature ?

Avec : Milad Doueihi, Raphaël Granier de Cassagnac, Ann Leckie, Claude Ecken, Olivier Paquet Modération : Sylvie Allouche

16h00 / Bar de Mme Spock Eco-technologie en science-fiction ?

Avec : Olivier Paquet, Louise Joor Modération : Pascal J. Thomas

Mercredi 2 novembre :

12h30 / Scène Shayol La machine qui lit

Avec : Olivier Paquet, Ménéas Marphil, Sara Doke Modération : Pascal J. Thomas

15h00 / Bar de Mme Spock Pokemon Go

Avec : Olivier Paquet, David Birgé-Cotte Modération : Antoine Mottier

 

Et j’animerai les tables rondes :

Lundi 31 octobre :

12h00 / Scène Shayol Le kami du percolateur

Avec : Denis Vidal, Milad Doueihi, Ann Leckie, Anna Starobinets Modération : Olivier Paquet

Mardi 1er novembre :

11h00 / Scène Shayol – en partenariat avec l’Inserm, le CEA et le CALQ Quand la machine surprotège l’homme

Avec : Martin Lessard, Paolo Bacigalupi, Laurence Boisset, Christophe Bernard, Olivier Grasset Modération : Olivier Paquet


J’ai aussi l’immense honneur de publier un texte dans l’anthologie des Utopiales et qui s’intitule Tokyodôme.

Couverture de l'anthologie des Utopiales

Couverture de l’anthologie des Utopiales

Ma nouvelle se déroule dans le milieu de la scène rock japonaise et tourne autour d’un concert organisé par les fans d’un groupe, un concert virtuel mais pas factice. Même pour ceux qui ne connaissent rien au rock japonais, le texte célèbre la fusion des capacités humaines et des machines pour créer une réalité plus intense et plus riche qu’on ne le pense. C’est un texte que j’ai grand plaisir à voir publié ici !